Les lieux d'internement

Parcours des déportés de l'Ain

La consultation des fiches individuelles des déportés de l’Ain  montre des situations très différentes concernant les arrestations et les conditions d’internement avant la déportation en Allemagne. 

Tous les déportés de l'Ain ont connu, après leur arrestation, un internement plus ou moins long dans des prisons ou des camps français (de quelques jours à un an environ). Deux situations principales existent, les suspects ou raflés étant :

            - soit arrêtés par la police ou la gendarmerie françaises agissant sous l'autorité du régime de Vichy, jugés et condamnés à une peine d’emprisonnement à la prison Saint-Paul à Lyon ou à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne),

           - soit arrêtés par la Wehrmacht, secondée par la Gestapo et la milice, conduits à la prison de Montluc à Lyon, soumis à des interrogatoires sous la torture à l’Ecole du service de Santé militaire (siège de la Gestapo où officie notamment Klaus Barbie), regroupés avec ceux pris dans les rafles, ceux dénoncés pour faits de résistance ou déportés raciaux.

 

Les déportés ont été ensuite envoyés dans les camps d’internement :

          - de Drancy (pour les déportés raciaux),

          - de Compiègne (pour les hommes),

          - de Romainville (pour les femmes).

De là sont partis les principaux convois pour les camps de la mort.

 

Premiers camps sur le sol français

Dès avant la guerre, en novembre 1938, le gouvernement français légalise l’internement d’étrangers allemands ou autrichiens opposants ou favorables au régime nazi, considérés comme dangereux pour la défense et la sécurité publique. Des républicains espagnols et basques réfugiés de la Guerre civile espagnole sont regroupés dans 9 camps : à Agde, Argelès, Angoulême, Gurs, Moisson, La Rivière, Rivesaltes, Le Vernet, Sept-Fonds.

927 réfugiés espagnols du camp d’Angoulême vont former le premier convoi de déportés le 20 août 1940 à destination du camp de concentration de Mauthausen.

A partir de septembre 1940, les refugiés espagnols sont soumis par le régime de Vichy au travail obligatoire de travaux agricoles, forestiers en zone libre ou de fortifications de zone militaire de la France occupée au sein des G.T.E., groupes de travailleurs étrangers.

 

A noter dans l’Ain, celui d’Ambérieu-en-Bugey ouvert en octobre 1943, celui de Leyment où 392 réfugiés espagnols séjournent du 6 février au 20 juin 1943, celui de Torcieu où séjournent 99 Espagnols de mars à octobre 1943.

 

Camps d'internement des Juifs et Tsiganes

Le 27 décembre 1940, le régime de Vichy organise le regroupement des ressortissants étrangers de race juive dans des camps d’internement.

Fin 1942, environ 30 000 étrangers juifs ou tsiganes,ainsi que des communistes et des gaullistes sont internés dans les principaux camps du Vernet (Ariège), Gurs (Pyrénées-Atlantiques), Sept-Fons (Tarn-et-Garonne), Eysses (Lot-et-Garonne).

En Afrique du Nord, dans les départements français d’Algérie, au Maroc et en Tunisie, sont créés des camps d’internement pour les Juifs et les travailleurs étrangers. 600 communistes, dont 27 députés ou responsables syndicaux séjournent dans les camps du Sud algérois et oranais.

Le régime de Vichy crée pour les internés devant être déportés des camps de transit comme ceux de Drancy, Compiègne, Pithiviers, Beaune-la-Rolande, d’où 4 700 enfants juifs arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv les 16 et 17 juillet 1942 partent fin août 1942 pour être exterminés au camp d’Auschwitz. 

1190 Tsiganes sont internés au camp de Jargeau (Loiret) et Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). 

► En savoir plus : Carte des lieux d’internement  en France

http://www.memorialdelashoah.org/b_content/getContentFromNumLinkAction.do?itemId=159&type=1

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=2325

 

Principaux lieux d'internement

La prison de Montluc à Lyon

La prison militaire de Montluc a été édifiée en 1921 en face du fort qui date de 1835. Désaffectée dès 1932, elle est remise en service au début de la guerre. Le régime de Vichy y incarcère les premiers résistants arrêtés pour "menées antinationales". A partir de novembre 1942, avec l'invasion de la zone sud, le fort Montluc devient l'antichambre de la déportation pour nombre de persécutés raciaux, français ou étrangers, mais aussi pour les détenus politiques, résistants, otages ou raflés en attente de transfert vers les camps de concentration. Le réfectoire, le magasin et une construction en bois ("la baraque aux Juifs") dans la cour sont transformés en cellules où s'entassent les prisonniers.

Les détenus désignés pour l'interrogatoire sont emmenés le matin à l'Ecole du service de Santé militaire, avenue Berthelot. Klaus Barbie y mène des interrogatoires accompagnés d'actes de torture et de barbarie dont beaucoup ne se relèveront pas. Après le débarquement de juin 1944, la répression s'intensifie et les exécutions sommaires des détenus de Montluc se multiplient. Le "Mur des fusillés" sur le chemin de ronde de la prison est de triste mémoire. Au moins 682 prisonniers ont été assassinés dans divers sites aux environs de Lyon jusqu'au 21 août 1944 (Bron, Saint-Genis-Laval, Saint-Didier-de-Formans...). Au total, on estime que plus de 8 000 victimes sont passées par les geôles de Montluc entre 1942 et 1944.

En partie classé au titre des Monuments Historiques, le fort a été rendu accessible au public en 2011 et des expositions présentées dans le Mémorial rappelent le rôle central de cette prison dans le système répressif allemand.

http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/pages_fantomes/fiches_thematiques/la_prison_montluc/

Entrée de la prison de Montluc à Lyon.
Les cellules où ont transité de nombreux prisonniers avant leur déportation vers l'Allemagne, dont Jean Moulin, les enfants d'Izieu et beaucoup d'autres déportés de l'Ain.
 

L'Ecole du service de Santé militaire à Lyon (Gestapo) : 

http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/pages_fantomes/fiches_thematiques/lhistoire_du_musee/

 

Le camp de Royallieu à Compiègne

Camp de Royallieu, Compiègne. Carte postale, coll. privée.

Près de 45 000 personnes ont été internées dans la caserne de Royallieu (16 hectares, 25 bâtiments). Construite en 1913, transformée en 1941 par la Wehrmacht en "camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs" (Frontstalag 122) puis en "camp de détention de police allemand". C'est le seul camp installé sur le sol français qui se trouve dès son origine sous la tutelle directe de l'occupant. La gestion et la surveillance sont assurées par l'administration militaire allemande.

Les premiers internés, des Russes résidant en France, arrivent le 22 juin 1941. En février 1942, un décret officialise la création du "camp des Juifs" à Compiègne, qui sont séparés des autres prisonniers. La population incarcérée à Compiègne est très composite, tant par les nationalités que par les raisons de leurs arrestations. Si les internés sont majoritairement des politiques et des résistants, ils sont tous en transit, en provenance des prisons de France et à destination des camps nazis.

Les deux premiers convois partis de Compiègne pour Auschwitz (27 mars 1942 et 5 juin 1942) sont composés exclusivement de Juifs. Les 26 convois suivants transportent principalement des déportés politiques et résistants vers 7 destinations : Buchenwald, Neuengamme, Auschwitz, Mauthausen, Dachau, Sachsenhausen, Ravensbrück. Le dernier convoi part le 17 août 1944 pour Buchenwald avec 1 246 personnes.

En tout, plus de 39 560 personnes sont déportées au départ de Royallieu. Le camp de Compiègne est dissous le 1er septembre 1944.

► En savoir plus : http://www.memorial-compiegne.fr/

 

Le camp de Drancy

Le camp de la cité de la Muette à Drancy (1941-1944). Collection Patrimoine en Seine Saint-Denis n°37, 2010

► En savoir plus  : http://www.camp-de-drancy.asso.fr/

 

Le camp de Romainville

► En savoir plus : http://www.fondationresistance.org/documents/dossier_them/Doc00049.pdf